
Moins on en parle… La scène est fréquente dans les stations alpines. Elle se déroule aussi dans un excellent documentaire du réalisateur haut-savoyard Gilles Perret*. Une commerçante répond, agacée, aux interrogations sur l'avenir. En substance, le refrain reste le même: « Si vous parliez un peu moins de changement climatique, on aurait moins de problèmes! » Évoquer le phénomène planétaire serait donc une cause aggravante... Moins on en parle, mieux on se porte? La preuve, cette année, avec le retour des flocons et les perspectives d'une saison renouant avec des taux de fréquentation oubliés, le moral des professionnels serait presque au beau fIxe. En janvier dernier, Francesco Frangialli, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme, rafraîchissait cependant l'ambiance du Forum international d'Avoriaz. « Certes, la neige est au rendez-vous cette année, mais la saison d'hiver 2006-2007 a été la plus chaude en France depuis 1880 », disait-il. Et il ajoutait: « Le réchauffement de la planète n'est plus une hypothèse mais une certitude. Les perspectives sont graves. » Une façon d'inciter tout le monde à remettre les pieds sur terre. Cette « certitude» de perspectives peu réjouissantes est déjà précisée par des études de l'OCDE. Les Alpes ont, de plus, la mauvaise idée de se réchauffer trois fois plus vite que la moyenne! L'échéance fatale, pour nombre de stations, se rapproche.. . Derrière un déni collectif de la réalité, beaucoup d'acteurs prennent conscience de la fragilité de l'activité et préparent les esprits à une révolution. Les Alpes seront de moins en moins blanches? Les stations de moyenne altitude seront de plus en plus vertes. Les pistes d'une diversifIcation sérieuse se dessinent. Même s'il faudra convaincre encore longtemps que le "tout ski" ne sera bientôt qu'un souvenir, hormis dans les stations d'altitude où, plus rare, le flocon sera beaucoup plus cher. Est-ce, en soi, une si mauvaise nouvelle pour un tourisme plus doux et plus durable? Au pied des massifs, gîtes et chambres d'hôtes se multiplient alors que le krach immobilier guette certains ensembles locatifs de stations. PréfIgurent-ils une autre approche de la montagne? Claude Maurin, rédacteur en chef d'Alpes Magazine Edito du N°110 mars-avril 2008 * Ça chauffe sur les Alpes, 2007
Date de création : 18/02/2008 @ 11:41
Dernière modification : 18/02/2008 @ 11:44
Catégorie : Articles
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