Réchauffement climatique

http://climat2050.fr/

Tout le monde il est bio (Articles)

La révolution verte de Sarkozy séduit... mais reste très floue

Tout le monde il est bio

Il y eut d'abord le discours techno-européen de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Suivi des belles envolées d'Al Gore, Prix Nobel de la paix de l'année.
Et puis vint Nicolas Sarkozy. Et là, avouons-le: on s'est pincé une bonne dizaine de fois en écoutant le discours de clôture du Grenelle de l'environnement, jeudi 25 octobre, sous les lambris dorés de l'Elysée. Avait-on bien entendu, vraiment? Ce jour-là, Nicolas Sarkozy, qui n'avait jamais parlé d'écologie avant la campagne présidentielle, est apparu écolo-transfiguré. Appelant de ses vœux «une révolution dans nos façons de penser et de décider». Condamnant «notre modèle de croissance». Plaidant pour qu'on n'oublie pas que «nous n'avons qu'une seule Terre». Rêvant de faire de la France le «leader des énergies renouvelables». De la transformer en modèle écologique pour l'Europe, et même, allons-y gaiement, pour le monde entier. Bref, littéralement «Al Gorisé».
Prise de conscience sincère ou énième exploit oratoire du président ex-avocat, passé maître en shows médiatico-politiques? Peu importe. Pour la première fois, l'Etat français s'attaque sérieusement à l'immense chantier écologique. Et ose même quelques décisions spectaculaires, tels la réduction de 50 % des pesticides, le moratoire sur les cultures commerciales des OGM ou l'arrêt du développement du programme autoroutier. Et, promis-juré, «ce que j'ai dit ce soir, nous le ferons». Malgré les lobbies, malgré les réticences, malgré les pesanteurs. Si, si.
Téméraire, Sarkozy? Avec ce Grenelle, il réussit ce que personne d'autre, ni à gauche, ni à droite, n'avait fait. Sur le plan écologique, en prenant enfin la mesure du défi. Sur le plan démocratique, en enclenchant un processus inédit de consultation et de décision ouvert à la société, associations écologistes comprises. Sauf que la révolution verte à la sauce Sarkozy ne comporte pas beaucoup de risques. En tout cas, pas vis-à-vis de l'opinion française, déjà largement acquise au gel des OGM ou au bio dans les cantines. Et puis le télescope version Sarkozy voit loin, voit grand, mais flou. La réduction des pesticides? Dans dix ans, «si possible». Le transfert des charges sur le travail vers les énergies polluantes (la taxe carbone chère à Nicolas Hulot) ? «Nous allons l'étudier.» Le gel des incinérateurs? A moins qu'ils ne s'imposent en «ultime recours». La question des financements? En suspens, ou à la charge des collectivités territoriales, comme pour les corridors verts chargés de sauver la biodiversité. L'argent est pourtant le nerf de cette guerre pour la survie. Le pari de Sarkozy est que cette mutation engendrera une création de richesses, et donc un autofinancement. Il occulte le fait qu'une société verte impose davantage de sobriété et d'équité (1). Et, sur ce terrain, en enrichissant toujours plus les riches et en demandant aux 40 % de Français qui vivent avec moins de 1,3 fois le smic de «travailler plus», le gouvernement Sarkozy n'a pas été exemplaire.
Par Weronica Zarachowicz, Télérama N°3016