Les Pékinois ont ressorti leurs vélos! Jusqu'au 19 juin, un Chinois déboursait 0,79 dollar pour 1 litre d'essence à la pompe.
Désormais, il lui en coûte 93 cents, soit 18 % de plus. Non pas parce que le prix du pétrole a grimpé, mais parce que le gouvernement a réduit ses subventions.
Comme la Chine est le deuxième consommateur mondial, derrière les Etats-Unis, le cours du brent a aussitôt reculé de 3 dollars, à 129 dollars le baril. En revanche, le sommet de Djedda, qui a réuni, le 22 juin, pays producteurs et consommateurs, a laissé le marché de marbre. Il est vrai que les participants n'étaient d'accord que sur un point: l'absence de remède miracle pour calmer la fièvre.
Le pétrole paraît si cher en 2008, quand on l'a connu à 9,80 dollars le baril en 1998, que l'on évoque déjà une « bulle », comme pour l'immobilier ou Internet. Mais les bulles durent rarement plus de six ou sept ans.
Or ici, si l'on oublie le trou d'air de 1998, la tendance est haussière depuis quatre décennies!
L'explosion des cours n'est, certes, pas facile à comprendre, car il n'existe pas de déséquilibre entre l'offre et la demande. Personne n'est rationné. Mais, comme les réserves ne sont pas inépuisables, la pénurie de demain se fait sentir sur les prix d'aujourd'hui, mécanisme d'actualisation oblige. Quels facteurs pourraient empêcher le pétrole de culminer un jour à 500 dollars le baril? Une récession mondiale; une baisse massive des subventions chinoises ou indiennes (celle de la semaine dernière ne va entraîner qu'une moindre croissance de la consommation) ; des changements réglementaires bridant la spéculation (elle compte pour 15 à 25 dollars dans le prix du baril) ; une réorientation de la politique de la Banque centrale européenne (la parité euro/dollar et le prix du pétrole sont étroitement corrélés). Mais tout cela ne suffirait pas forcément.
Il n'existe qu'une solution, définitive, pour arrêter la flambée de l'or noir: apprendre à s'en passer. Les constructeurs automobiles relancent (enfin) leurs recherches sur la voiture électrique avec, cette fois, une réelle envie d'aboutir. Grâce aux deux premiers chocs pétroliers, nous n'avons plus besoin de brut pour nous éclairer ou nous chauffer: il faut que le troisième choc achève le travail, et que, demain, nous n'en ayons plus besoin pour nous déplacer. .