Réchauffement climatique

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Verte discorde Mc Cain / Palin (Articles)

Verte discorde entre McCain et Palin


Lors de sa nomination, Sarah Palin a été présentée comme le nouveau visage du Parti républicain, le versant féminin de la figure du "maverick" (*) indépendant que John McCain revendique. Mais les différends entre les deux colistiers existent, en particulier dans le domaine écologique. A peine désignée candidate à la vice-présidence, Palin s'était démarquée du sénateur de l'Arizona sur plusieurs terrains : le réchauffement climatique, la protection des espèces en voie de disparition, ou encore les forage en Alaska. Or c'est précisément sur ces thèmes que John McCain aime s'appuyer pour faire valoir sa différence avec l'establishment républicain et prouver sa capacité à travailler avec l'opposition.

A propos des émissions de CO2, Sarah Palin avait déclaré sur Newsmax, un site conservateur, qu'"'elle n'est pas de ceux qui les attribueraient à l'homme". Propos qu'elle a depuis démentis. Dans un entretien à CBS, mardi, elle a concédé que le réchauffement climatique était "réel", que les activités humaines avaient "contribué aux problèmes", mais qu'elles n'en étaient pas la seule cause. "L'évolution de la météorologie sur Terre est cyclique, et nous avons observé des changements en la matière au cours de l'Histoire", a-t-elle expliqué, avant de conclure que, de toute façon, l'origine du phénomène "n'a finalement aucune importance à ce stade du débat".

Elle s'est également élevée contre la décision du gouvernement de placer l'ours polaire sur la liste des espèces menacées d'extinction, allant même jusqu'à intenter un procès contre le département d'Etat au motif que cette décision remettrait en cause la recherche pétrolière dans les zones protégées d'Alaska, notamment dans la mer de Chukchi. Dans son argumentaire, Sarah Palin avait alors expliqué que le nombre d'ours polaires avaient "considérablement augmenté ces trente dernières années" et qu'ils "n'étaient pas menacés directement par l'activité humaine". La communauté scientifique américaine, dans sa grande majorité, s'accorde pourtant sur l'existence de la menace qui pèse sur l'ours polaire.

QUEL PROGRAMME ÉCOLOGIQUE POUR LES RÉPUBLICAINS ?

Le Guardian s'est intéressé aux scientifiques auxquelles Sarah Palin fait appel pour aiguiser ses arguments. Le quotidien britannique révèle ainsi que les travaux de certains de ces chercheurs sont financés, directement ou indirectement, par des compagnies pétrolières. "Sarah Palin a le bilan le plus anti-écologique de tous les gouverneurs américains", constate aussi Greenpeace. "Elle n'a rien fait pour promouvoir les énergies propres (...), ce qui n'est pas surprenant quand on sait qu'elle a commencé sa campagne en reniant la réalité du réchauffement climatique", déplore l'association écologiste.

Les divisions au sein du "ticket" républicain sur les questions écologiques soulèvent en outre des interrogations. En cas de victoire, quel programme écologique et énergétique John McCain appliquera-t-il ? Sur son site, le candidat républicain explique que la lutte contre le réchauffement climatique doit être basée "sur des réductions d'émission chiffrées dans des délais fixés à l'avance". Il promet d'établir une Bourse d'échange de droits à polluer au niveau national, en s'appuyant sur "des méthodes scientifiques". Selon son équipe de campagne, le choix de Sarah Palin ne remet aucunement en cause l'application de ces mesures.

Mais des observateurs commencent à constater une légère inflexion du candidat républicain sur ce terrain. David Sandretti, porte-parole de la League of Conservation Voters, une organisation écologiste, estime qu'à mesure que la campagne avance, M. McCain délaisse les positions qu'il défendait précédemment, au profit de celles défendues par Sarah Palin. "Il ne parle plus [du réchauffement climatique]. Pendant les primaires, il était bien plus présent", note-t-il par exemple. Autre signe de ce glissement, il n'a pas écarté le lancement de forages pétroliers dans les réserves naturelles de l'Alaska, une mesure à laquelle il s'est opposé à plusieurs reprises et que Sarah Palin défend ardemment encore aujourd'hui.

Luc Vinogradoff Le Monde 01/10/2008


(*) rebelle